Le mur de l’école: horizon indépassable du bonheur

Depuis le temps que l’humanité cherche les conditions, les leviers du bonheur, depuis que les philosophes se demandent comment être heureux en tentant de concilier l’aventure et la sécurité, la découverte ou l’ignorance… voilà enfin la réponse! Emmanuel Macron et son gouvernement ont trouvé comment lutter contre l’ignorance, se protéger des aléas de la vie, faire cesser le bruit des guerres et réconcilier les peuples, saper les projets extrémistes, jouir de la concorde et connaître la félicité: Il suffit de passer les portes de l’école.

Cet havre de paix, d’amour, de respect, d’intelligence, de culture et de réconciliation nationale est la réponse à tout. Bien sûr il faudra forcer les derniers récalcitrants à être heureux malgré eux, il faudra envoyer l’inspecteur et le gendarme pour les pousser vers ce paradis intérieur. Mais qu’importe, l’école est la réponse définitive, indépassable à toutes les velléités de félicité. L’illettrisme, le décrochage, le racket et l’intimidation, la phobie scolaire et les suicides, les abus de pouvoir et les renvois ne sont que des carabistouilles qui seront bientôt réglés, n’en doutons pas.

Le mur de l’école est l’horizon indépassable du bonheur, alors ne cherchez plus comment éduquer vos enfants, ils ont trouvé!

Faut-il déserter le système éducatif et choisir la piraterie?

Aujourd’hui les questions sanitaires se superposent aux questions éducatives, pour les recouvrir, les déborder, les submerger. Se demander s’il faut ouvrir ou fermer les classes met dans l’ombre l’interrogation sur la nature de ces classes, des pédagogies, des relations…

On se retrouve piéger par le débat sanitaire. Envoyer ou non son enfant à l’école, vigilants aux questions de santé et oublieux des préoccupations éducatives. Tout un ensemble de considérations sont mises sous le tapis et chacun se demande plutôt s’il n’a pas oublié son masque.

Dans ce contexte, une étude canadienne montre que la cause de mortalité la plus importante chez les jeunes (10 à 14 ans) du pays est le suicide. En somme le climat anxiogène fait des ravages et la qualité des relations éducatives est encore moins garantie qu’avant.

N’est-il pas temps, plus que jamais, de reprendre son destin en main et de veiller à la santé mentale de la famille? N’est-il pas urgent de quitter le port et d’entrer en piraterie afin de se tailler un climat éducatif à sa mesure? Trouver les rythmes. les approches, les pédagogies qui permettent de se recentrer sur l’essentiel? Reconsidérer notre rapport au temps, au travail, à l’argent et s’inventer une vie à sa mesure.

La formation des pirates de l’éducation se propose de vous aider à tenter l’aventure. Elle est maintenant ouverte à tous et accessible jusqu’au 10 octobre. Bienvenue à bord. La piraterie bien comprise est une croisière où il fait bon vivre.

Combien vis-tu?

effeuiller la marguerite by Camillatr on DeviantArt

Nous vivons dans une société capitaliste marchande, est-ce encore utile de le souligner. Ce qui mérite peut-être d’être rappelé est que cette pensée paradigmatique infuse dans toutes les réflexions contemporaines. Ainsi savoir le métier qu’exerce une personne et donc se faire une idée de combien elle gagne nous intéresse parfois plus que la façon dont elle conjugue sa qualité de vie. Combien vis-tu? prend le pas sur comment vis-tu, es-tu heureux, quels sont tes équilibres?

À l’école, la socialisation supposée s’appuie sur la quantité d’enfants entassés dans le même bâtiment. Combien y a-t-il d’élèves (puisque le mot enfant semble exclus du vocabulaire scolaire)? prend le pas sur les carences d’une relation forcée, sous domination adulte, d’enfants classés par date de fabrication. La quantité de relations forcées semble être garante de la qualité. L’école permettrait la socialisation par l’immensité des enfants sur lesquels elle exerce ses contraintes. Logique!

En ces temps de pandémie, la quantité de vie de nos aînés est devenue la valeur absolue au détriment du nécessaire débat sur leur qualité de vie, leurs conditions et leur lien avec leur famille. Combien vis-tu ? est devenu la question centrale au lieu et place d’un légitime Comment vis-tu?

À l’école logiquement, la quantité d’heures de fréquentation devient plus important que la qualité de l’expérience vécue. Avec masques, compartimentés, sous surveillance policière, avec une socialisation entravée, des horaires serrées, des consignes à n’en plus finir… peu importe, l’important est que le nombre d’heures soient dispensées. C’est un enfer pour les parents qui se désolent, pour les professeurs et les enfants qui souffrent, mais tout va bien, la quantité est là. Pour la qualité de vie, l’apprentissage, le souffle et les rires on verra plus tard. Seule une menace de contagion pouvant affecter la quantité de vie peut mettre fin à cette injonction de fréquentation. Une quantité de jours à vivre contre une quantité d’heures à l’école. Voilà ce que nos dirigeants semblent seulement en mesure d’arbitrer, de mesurer, de compter…

Combien vis-tu? est devenu le mot d’ordre.

Un nouveau rendez-vous!

Je vous donne rendez-vous lundi pour accueillir tous ceux qui on fait le choix d’une éducation libre, et toutes celles et ceux qui se questionnent et sont attirés par l’aventure pirate.

Qu’as-tu appris à l’école mon fils?

La question que posait Graeme Allwright alors que j’étais enfant se révèle d’autant plus actuelle en cette rentrée qui s’annonce déjà être un fiasco. Dédale de consignes, de groupes de couleurs, de sens de circulation obligatoire, de masques, de récréations à distance… Mais que diable un enfant pourrait bien apprendre là-dedans sinon l’obéissance aveugle à des consignes improvisées par un ministère plus soucieux de sauver son école que la liberté et l’autonomie des enfants? L’heure n’est pas à l’épanouissement, l’heure est à la sécurité sanitaire. Bien sûr les moisissures des murs, le plomb dans l’eau pouvant aller jusqu’à 400 fois les normes autorisées au Québec, les sols contaminés des cours de récréation ne sont plus d’actualité. Les phobies scolaires, les intimidations, les anxiétés de performance, les dépressions et les suicides, les démissions de profs, les burn-out ne font plus la Une des journaux. L’important est de ne pas attraper et transmettre ce virus terriblement maladroit puisqu’il a épargné 99,996% de la population. Mais qu’importe, une nouvelle occasion d’obéissance, un nouvel exercice de règlements et de consignes se présente, à chacun d’en profiter, de montrer son allégeance, de sauver son poste au péril de son bon sens, de son intelligence, de son libre arbitre, de sa mission.

Qui peut encore prétendre que cette rentrée scolaire est tournée vers l’épanouissement, l’apprentissage des humanités? Qui osera encore parler d’espace de socialisation, de vivre ensemble? Qui pourra prétendre que ce climat de suspicion, de peur de l’autre, de méfiance généralisée est propice à l’acquisition des savoirs? Jusqu’à quand va durer cette supercherie, cette mascarade?

Qu’as-tu appris à l’école mon fils? « Que le gouvernement doit être fort, il a toujours raison et jamais tort » Greame Allwright