« Ce que l’école devrait enseigner aux enfants » n’est pas « ce que chacun devrait savoir »

Au risque de me répéter, je cherche à élargir systématiquement la pensée éducative étriquée que l’école impose par l’évidence de son déploiement et de ses méthodes. Je vois passer tous les jours des images de jardinage, d’empathie, de self-défense… avec pour commentaire « Voilà ce qu’on devrait enseigner à l’école ». Il faut bien être conscient de ce que ce message sous-entend. Une fois cela clarifié, libre à chacun de diffuser ou non ces slogans. Voilà donc les postulats implicites de cette formule :

  • L’apprentissage serait le fruit de l’enseignement. C’est en étant soumis à un dispositif pédagogique planifié que s’enracine l’apprentissage. Les recherches montrent que c’est la participation à un univers chargé de sens qui est source d’apprentissage.
  • Qu’il y a un âge spécifique pour l’apprentissage qui serait l’enfance et après ce serait trop tard. Alors que la plasticité du cerveau indique que l’on apprend tout au long de sa vie
  • Que l’enseignement scolaire communiquerait l’enthousiasme pour la matière même si en réalité la majorité sort durablement traumatisée par les cours de sport, de mathématiques, de philosophie… Est-ce que ce sera différent pour le jardinage?
  • Le mot « devrait » suggère que l’enseignement scolaire est du registre du devoir quand concrètement il s’incarne dans un système de pouvoir. L’enfant aura-t-il le choix de ne pas faire?

Ainsi lorsqu’on véhicule un slogan qui déclare que notre apprentissage dépend du dispositif scolaire dispensé dans l’enfance, que de surcroît l’école transmet la compétence et l’enthousiasme nous ne sommes pas en train de critiquer, nous sommes en train de renouveler une profession de foi. Ce n’est pas un problème en soit, mais il faut être au clair avec ce que l’on communique.

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