On peut voir dans les réactions de certaines personnalités politiques mais aussi de plusieurs intervenants publics et privés une sorte de refus de principe, un blocage, une colère parfois envers la réalité des enfants qui ne vont pas à l’école. On pourrait s’attendre à ce que tout pédagogue se réjouisse de la diversité, de l’inventivité éducative, de la créativité pédagogique et pourtant ils sont nombreux à se mobiliser pour que les familles aient moins de droit, soutenus en cela par une forte proportion de la population, dont plusieurs enseignants et chercheurs . Il me semble important de tenter de comprendre pourquoi.
Tout d’abord le mantra de l’école de Ferry « gratuite, laïque, obligatoire » est tellement répété qu’une immense proportion de français (y compris dans le corps enseignant) ne savait même pas que l’école n’était pas obligatoire. L’apprendre le 2 octobre 2020 lors de l’allocution du président Macron fut un premier choc pour eux. Deuxièmement, et c’est je crois le cœur du problème, l’école et son vœu pieux d’une institution égalitaire, pour tous et tout le temps, se montre impuissante à réaliser dans les faits l’égalité à laquelle elle s’accroche, il est aisé d’en faire le constat. Cette impuissance se change en passion morbide. Au lieu de célébrer la diversité, certains inspectent, suspectent en permanence toute tentative de ne pas être suffisamment égalitaire. En somme ils en viennent à reprocher aux autres ce qu’ils sont incapables d’accomplir eux-mêmes. Cette suspicion généralisée se change en impossibilité à produire du possible. Ils s’accrochent donc au connu, à l’habituelle incantation pour une école de l’égalité des chances plutôt que de reconnaître que l’équité est seulement possible dans l’inventivité éducative et la diversité foisonnante des expériences.
Mieux vaut tous couler tous ensemble à bord du Titanic, que de tenter la moindre expérience de sauvetage. Il est indispensable de torpiller toute initiative de surnager à quelques-uns. C’est en cela que cette guerre menée à l’instruction en famille est bien liée à une passion morbide, Thanatos plutôt qu’Éros.
Je pense que comprendre cette dynamique permettrait à ceux qui en sont victimes, et à ceux qui doivent dialoguer avec eux, d’un peu mieux identifier les enjeux, pour ouvrir sur un dialogue apaisé. Voilà pourquoi il me semble important de mettre au jour les forces cachées.