Besoin d’humanité

Je le reconnais bien volontiers mes posts, articles, livres ne sont pas de tout repos pour ceux qui les reçoivent. Ils peuvent être perçus comme des coups de poing d’interrogation, des critiques un peu tranchantes. Mais au moins ils appellent échanges, discussions, argumentations. Notre époque semble avoir décidé de partager les gens, non comme s’ils n’étaient pas d’accord sur un match écouté ensemble, avec ses analyses, ses partisans, ses commentaires… mais bien comme s’ils n’avaient pas vu le même match, le même sport. Dans ces conditions comment échanger, comment s’enrichir mutuellement? Les discussions semblent appartenir à des paradigmes étrangers les uns aux autres. Cela renvoie chacun d’entre nous à une abyssale solitude.

Tout est devenu, clivant. Les irréconciliables Québec-Montréal au hockey ou Paris-Marseille au football, qui étaient alors vécus comme d’amicales concurrences, comme de rares espaces où l’on pouvait se permettre d’être un peu idiot, partial, aveugle… se sont répendus et aujourd’hui les silos sont devenus des forteresses. Les discussions se sont transformées en outrages où d’éternels agresseurs, complotistes, imbéciles s’adressent à d’éternelles victimes, offensées, sensibles. Les irrespectueux et les irrespectés semblent représenter l’ensemble de la population.

Où sont les cafés, les engueulades entre amis, les réconciliations, les tapes sur l’épaule, les embrassades et les invectives de comptoir. Où sont les franches camaraderies de zinc, les orateurs à la coupe pleine, les César, Panisse… Je m’ennuie de cette tranche d’humanité qui n’offensait personne définitivement et qui, gorgés de pudeur et de fierté, déclinaient toutes les nuances d’une vie sociale.

J’espère que nous saurons réinventer les chemins du désaccord amical, de la dispute bras dessus-bras dessous, de l’invective fraternelle, de la contradiction humaniste, de la colère théâtralisé, du dramatique convivial, de la larme heureuse. Passez boire un coup à la maison, nous avons un monde à retricoter.

2 réponses sur “Besoin d’humanité”

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