Parmi les mots prononcés sans y penser, véhicules de la mentalité ordinaire, du qui va de soit, on parle souvent de « rentrée scolaire ». Or une « rentrée » signifie un retour (entrer à nouveau) souvent à un état de stabilité, un retour à la normale. On entre dans la boulangerie et dans le bus mais on rentre à la maison, au port, au bercail, on rentre en soi pour méditer… bref « rentrer » indique une familiarité confortable et habituelle.
Dans ce sens l’expression « rentrée scolaire » s’approprie ces significations conviviales et indique à l’enfant que l’école est son port et sa maison, l’endroit où on peut être soi-même, parmi les siens. Cependant, si on admet sans jugement mais avec une certaine clairvoyance que l’école est un endroit normé, hiérarchisé où s’exerce la discipline et le contrôle, la surveillance et la punition entre autres, n’est-il pas pernicieux de faire passer cet état de fait pour une situation confortable et habituelle, pour un chez soi offrant sécurité affective et repères domestiques? N’est-ce pas une façon de normaliser l’horaire et la consigne, la tâche et l’évaluation chers au monde du travail?
Au travail comme à l’école on part en vacances, on ne rentre jamais en vacances, on ne rentre pas en liberté, on ne fait qu’y partir pour un temps provisoire avant le retour à la normale, la rentrée!
J’adore cet article donnant un éclairage, tout en ouvrant sur une curiosité sociale avec potentiel complotiste, d’un ton humoristique.