Le mirage de la continuité pédagogique en temps de confinement

La continuité pédagogique se base sur une idée simpliste mais comme beaucoup d’idées de ce genre, fausse: la courbe des apprentissages. Cette idée voudrait que les apprentissages se fassent de façon linéaire, selon un rythme prévisible et conforme à un calendrier fixé en haut lieu. Si cette courbe imaginaire est très pratique pour les planificateurs, les contrôleurs, les évaluateurs… elle ne correspond à rien dans la réalité des apprentissages.

Quiconque pratique la guitare, un art martial ou le piano sait qu’il y a des moments de progrès, des paliers, des sentiments de recul, des accélérations, des oublis, des survivances inconscientes des acquis, des périodes d’abandon, des retours motivés… bref que l’apprentissage est une substance vivante que l’on sculpte et qui est irrégulière, même si la persévérance reste la clef au final de bien des savoirs.

Enfermer votre enfant dans sa chambre jusqu’à qu’il finisse son exercice de math parce que vous craignez qu’il ne déroge à la fameuse courbe montante et régulière des apprentissages scolaires repose sur une méconnaissance des processus en oeuvre. Et en faisant cela vous perdez la complicité, la confiance, la qualité de la relation qui elles sont absolument indispensables à la situation pédagogique.

Je vous encourage à laisser vos enfants vivre et apprendre par eux-mêmes. Je suis conscient que le confinement n’a rien à voir avec l’éducation sans école que je défends depuis des années. Pas de sorties, de visites, d’échanges, de voyage… cela ne rend pas les choses faciles. Si le confinement est basé sur la peur (sans doute légitime de la contagion), l’éducation est basée sur l’amour. Ne confondez pas les deux!

Journal de bord du capitaine

Nous, qui étions des parias de l’éducation, ceux que l’on devait surveiller, contraindre, ceux à qui on envoyait les inspecteurs, les services sociaux. Nous, qui parfois avons été forcés de scolariser nos enfants par un juge, nous qui faisions l’objet de toutes les suspicions de la part de la famille ou des voisins, voilà que nous sommes devenus, pour quelques semaines, la norme, mieux, les experts de l’éducation sans école. Avec une grande générosité les familles prennent le temps d’expliquer leurs activités, leur organisation, de partager…

Quand vous aurez passé des semaines ou des mois sans école, alors peut-être porterez-vous sur nos choix un autre regard, peut-être serez-vous plus ouverts, plus compréhensifs, et que le mépris que la normalité pouvait conférer s’effacera des discours de certains.

Le navire pirates-education.com/formation lèvera l’ancre dans quelques jours. Nous avons prolongé sa période et son tarif de lancement afin que plus de familles puissent monter à bord. Nous reviendrons au port, mais si vous voulez connaître sans attendre les mille et un bonheurs d’une éducation sans école, ne ratez pas le bateau!

Pourquoi entrer en piraterie éducative?

La réponse paraît simple: les insuffisances du système parlent d’elles-mêmes, et si on y ajoute les taux de souffrance scolaire, de décrochage, de pénurie des enseignants, de harcèlement, d’insalubrité des établissements, des phobies scolaires… n’en jetez plus!

Mais plus fondamentalement si, comme l’école le prétend, l’enfant est au cœur du système, pourquoi saute-t-il de joie lorsqu’une journée de classe est annulée? Pourquoi a-t-il besoin de re-création trois fois par jour, pourquoi a-t-il besoin de repos, de vacances…? Ne pourrions-nous pas rêver d’une éducation qui n’aurait pas besoin de vacances parce qu’elle respecterait les rythmes, les intérêts, les besoins des enfants? Ne se sentant pas contraint personne n’aurait besoin d’avoir du temps libre, du temps pour soi, il l’aurait à volonté.

N’est-ce pas le moment d’envisager la piraterie éducative et de rejoindre les criques, les havres où se réinventer une vie à sa mesure?