Se demander s’il est préférable d’apprendre à lire à 6 ou à 7 ans, c’est comme se demander s’il est préférable d’apprendre à tricoter à 53 ou 54 ans! La question ne peut entraîner qu’un florilège de réponses aussi inutiles que fausses. Et je m’étonne d’entendre des spécialistes défendre dans des débats sans fin leurs irrévocables positions sur le sujet! Le rythme, l’épanouissement, les centres d’intérêt des enfants ne semble pas vraiment les préoccuper.
Des limites du modèle enseignant
En sciences de l’éducation, il est un modèle tenace que les habitués nomment SOMA. Au départ une situation éducative serait caractérisée par la présence d’un Sujet apprenant (l’enfant), d’un Objet à apprendre (connaissance, matière…), dans un Milieu (environnement éducatif) par l’intervention d’un Agent (le plus souvent l’enseignant, l’éducateur, le parent…). Certains chercheurs font fi de l’importance du Milieu et ne retiennent que le triangle Agent Objet Sujet. Plusieurs ont adapté, nuancé, critiqué, élargi, complexifié ce modèle de la situation éducative, mais l’imagination des chercheurs a des limites. La plupart du temps, ils sont incapables d’imaginer l’absence d’Agent enseignant. Pour le dire simplement, beaucoup de professeurs éprouvent le plus grand mal à conceptualiser un modèle éducatif duquel ils seraient tout bonnement absents! Que l’apprentissage puisse se passer d’un enseignement est improbable pour la plupart de ceux dont le métier est d’organiser l’apprentissage des élèves. Leur métier ne peut les conduire à vérifier par l’expérience que les enfants peuvent apprendre tout seul puisque précisément on leur demande de ne pas laisser les enfants apprendre seul mais au contraire d’organiser les situations éducatives. Au bout de quelques temps cette idée se minéralise dans l’esprit du corps enseignant, et l’éducation sans école et sans enseignement apparaît comme farfelue. « L’école nous apprend que c’est à l’école qu’on apprend » disait Ivan Illich. J’encourage donc le monde des sciences de l’éducation à penser à ces situations de voyage où mille et un apprentissages se font sans que pour autant des situations pédagogiques soient planifiées. Et s’il doute encore que les apprentissages soient naturels, qu’il essaie demain de passer une journée sans rien apprendre!
Intimidation
Petite réflexion du matin! Je suis frappé par la façon dont le système scolaire prétend lutter contre l’intimidation entre élèves. Pourtant en outrepassant bien souvent la loi, en laissant croire que l’école est obligatoire, qu’il faille demander une autorisation pour déscolariser ses enfants, que les contrôles et les examens sont légaux, en menaçant de faire appel aux services sociaux, aux tribunaux… le système scolaire use contre les parents que nous sommes de toutes les techniques d’intimidation contre lesquelles il prétend lutter dans ses cours de récréation.
L’école, par ses murs, ses règlements, son emploi du temps, sa mise en discipline impose de façon intimidante une forme de relation entre professeurs et élèves! Les professeurs eux-mêmes usent dans leur classe de méthodes de type menace d’exclusion, punition, évaluation surprise, convocation des parents… Ne sommes-nous pas là encore dans des stratégies que l’on pourrait facilement qualifier d’intimidantes?
Comment donc l’école pourrait-elle lutter contre une intimidation qu’elle pratique au quotidien et dont elle est convaincue du bien fondé pour peu que se soit elle qui en use!
Pow wow de McGill
Une certaine idée de la rentrée scolaire
Nous étions à Minogami ces trois derniers jours, centre de vacances qui a accueilli mes premiers pas au Québec en… 1995! Les gars se sont essayés avec succès au kayak poursuivant ainsi, après la fabrication de tambour, notre semaine d’activités traditionnelles autochtones. Aujourd’hui c’est confection de mocassins et vendredi nous irons au Pow wow de l’université McGill. Une façon originale d’aborder les questions d’histoire, et de célébrer les 150 ans du Canada, mais à travers une perspective autochtone!