La continuité pédagogique se base sur une idée simpliste mais comme beaucoup d’idées de ce genre, fausse: la courbe des apprentissages. Cette idée voudrait que les apprentissages se fassent de façon linéaire, selon un rythme prévisible et conforme à un calendrier fixé en haut lieu. Si cette courbe imaginaire est très pratique pour les planificateurs, les contrôleurs, les évaluateurs… elle ne correspond à rien dans la réalité des apprentissages.
Quiconque pratique la guitare, un art martial ou le piano sait qu’il y a des moments de progrès, des paliers, des sentiments de recul, des accélérations, des oublis, des survivances inconscientes des acquis, des périodes d’abandon, des retours motivés… bref que l’apprentissage est une substance vivante que l’on sculpte et qui est irrégulière, même si la persévérance reste la clef au final de bien des savoirs.
Enfermer votre enfant dans sa chambre jusqu’à qu’il finisse son exercice de math parce que vous craignez qu’il ne déroge à la fameuse courbe montante et régulière des apprentissages scolaires repose sur une méconnaissance des processus en oeuvre. Et en faisant cela vous perdez la complicité, la confiance, la qualité de la relation qui elles sont absolument indispensables à la situation pédagogique.
Je vous encourage à laisser vos enfants vivre et apprendre par eux-mêmes. Je suis conscient que le confinement n’a rien à voir avec l’éducation sans école que je défends depuis des années. Pas de sorties, de visites, d’échanges, de voyage… cela ne rend pas les choses faciles. Si le confinement est basé sur la peur (sans doute légitime de la contagion), l’éducation est basée sur l’amour. Ne confondez pas les deux!