Combien vis-tu?

effeuiller la marguerite by Camillatr on DeviantArt

Nous vivons dans une société capitaliste marchande, est-ce encore utile de le souligner. Ce qui mérite peut-être d’être rappelé est que cette pensée paradigmatique infuse dans toutes les réflexions contemporaines. Ainsi savoir le métier qu’exerce une personne et donc se faire une idée de combien elle gagne nous intéresse parfois plus que la façon dont elle conjugue sa qualité de vie. Combien vis-tu? prend le pas sur comment vis-tu, es-tu heureux, quels sont tes équilibres?

À l’école, la socialisation supposée s’appuie sur la quantité d’enfants entassés dans le même bâtiment. Combien y a-t-il d’élèves (puisque le mot enfant semble exclus du vocabulaire scolaire)? prend le pas sur les carences d’une relation forcée, sous domination adulte, d’enfants classés par date de fabrication. La quantité de relations forcées semble être garante de la qualité. L’école permettrait la socialisation par l’immensité des enfants sur lesquels elle exerce ses contraintes. Logique!

En ces temps de pandémie, la quantité de vie de nos aînés est devenue la valeur absolue au détriment du nécessaire débat sur leur qualité de vie, leurs conditions et leur lien avec leur famille. Combien vis-tu ? est devenu la question centrale au lieu et place d’un légitime Comment vis-tu?

À l’école logiquement, la quantité d’heures de fréquentation devient plus important que la qualité de l’expérience vécue. Avec masques, compartimentés, sous surveillance policière, avec une socialisation entravée, des horaires serrées, des consignes à n’en plus finir… peu importe, l’important est que le nombre d’heures soient dispensées. C’est un enfer pour les parents qui se désolent, pour les professeurs et les enfants qui souffrent, mais tout va bien, la quantité est là. Pour la qualité de vie, l’apprentissage, le souffle et les rires on verra plus tard. Seule une menace de contagion pouvant affecter la quantité de vie peut mettre fin à cette injonction de fréquentation. Une quantité de jours à vivre contre une quantité d’heures à l’école. Voilà ce que nos dirigeants semblent seulement en mesure d’arbitrer, de mesurer, de compter…

Combien vis-tu? est devenu le mot d’ordre.

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